Composée de multiples expressions dont les origines remontent très loin. Nous vous en donnons ci-dessous régulièrement quelques-unes.

Avoir maille à partir

Signification : (et non avoir maille en partie). Au Moyen Âge, la maille était une pièce de peu de valeur : la moitié d’un denier. Quant au verbe partir, il est utilisé dans un sens qu’il n’a plus aujourd’hui : partager (sauf dans un dérivé comme répartir). Avoir maille à partir, c’est avoir un différend avec quelqu’un, comme si l’on devait se partager une malheureuse pièce de monnaie. Exemple : ce multirécidiviste est connu pour avoir eu à maintes reprises maille à partir avec la justice. Cette expression est l’une dans laquelle certains mots sont employés dans un sens vieilli ou archaïque. Elles tendent à être mal interprétées, remplacées par d’autres plus transparentes, ou encore déformées. Avoir maille à partir est parfois altéré en avoir maille en partie, peut-être sous l’influence de prendre à partie, qui exprime l’idée d’une confrontation. Le mot maille a ressurgi en français contemporain, dans la langue des cités, comme l’un des synonymes d’argent.

Avoir voix au chapitre

Signification : (et non avoir droit au chapitre). Le chapitre désigne ici une assemblée de religieux réunis pour traiter leurs affaires. Sans être moine ni chanoine, chacun a voix au chapitre quand il entend participer à une délibération. On emploie cette expression pour signifier qu’on a son mot à dire sur un sujet, qu’on a le droit de donner son opinion. L’idée de droit est si fortement attachée à l’expression que celle-ci est souvent altérée dans l’usage en avoir droit au chapitre. Il est vraisemblable que chapitre soit alors pris à tort au sens de sujet, sous l’influence de locutions telles que sur ce chapitre, au chapitre de.

Être bourrelé de remords

Signification : (et non être bourré de remords). Quand on a commis une mauvaise action et qu’on est en proie aux remords les plus vifs, on est bourrelé de remords. Le verbe bourreler est dérivé de bourreau. Apparu au XVIe siècle, il signifie « torturer moralement comme le ferait un bourreau ». Il ne s’emploie plus aujourd’hui que sous la forme d’un participe passé dans cette locution. Comme le mot bourrelé n’est plus compris, la locution est souvent déformée en bourré de remords.

Source: Le mot juste, Pierre Jaskarzec, Librio

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