La langue est l’expression d’une culture. Elle est le vecteur direct des pensées, des sentiments, des idées ; elle permet de mettre des mots sur des impressions ou des émotions. Aucune autre langue ne peut réaliser cela aussi intimement. Les personnes bilingues le disent aussi : ils ont une langue préférée pour exprimer leurs sentiments et pensées.

Cette langue-là, nous nous devons de la maîtriser avant d’essayer d’apprendre un autre idiome. Ce qui nous permettra d’éviter de répéter des mots ou expressions saisis au vol, à la mode.

Pour rappel, les agressions subies par notre langue sont d’origines différentes :

Les anglicismes

Fléau des temps modernes, un anglicisme est souvent un mot anglais (voire un mot à peine anglais) qui remplace un mot français existant. Ainsi sommes-nous arrosés par les sales et autres planning et, plus récemment, lock down. Alors que des termes français existent bel et bien : soldes, planification et confinement.

Les germanismes

Eh oui, ils sont parmi nous également. Ainsi en va-t-il de poutzer (faire le ménage), boiler (chauffe-eau), sans oublier les expressions attendre sur quelqu’un (warten auf) et demander après une personne (fragen nach).

L’argot

Présent au cinéma, des Tontons flingueurs à Les Visiteurs, puis, depuis la fin du XXe siècle, dans le rap français, l’argot a pris une place importante dans le parler des jeunes.  Alors, oui, c’est sympathique, mais de là à remplacer de vrais mots existants tels que chute ou échec par gamelle (qui signifie par ailleurs tout autre chose) il y a un monde.

De là, on ramasse une gamelle, ce qui signifie juste qu’on subit un échec et non pas que l’on fait le ménage.

Notre langue évolue également pour d’autres raisons, dues soit à l’évolution de la société, soit à l’usage même choisi par les locuteurs, soit à des concepts issus d’autres cultures.

La réforme de l’orthographe

Qui n’a pas souffert des dictées du siècle passé ? L’orthographe a déjà souvent évolué, pour des raisons oubliées. La dernière révision ne chamboule pas vraiment la langue ni n’en change la beauté. D’ailleurs, sans nous en rendre compte, nous avons déjà adopté de nouvelles graphies (certains dictionnaires ont introduit à ce jour environ 60 % des rectifications).

Jean-Pierre Villard, membre de notre comité, s’est risqué à donner son avis sur ce sujet. Avis qui a d’ailleurs été largement discuté lors de l’assemblée générale de 2021 (retrouvez le procès-verbal, point Divers).

Le langage épicène et inclusif

Pour rappel, un langage épicène tend à éviter une discrimination, perçue comme étant forcée par les normes imposées de la langue, entre les genres masculin et féminin. Là aussi, il s’agit d’une évolution naturelle de la société. Les femmes souhaitent que la langue participe de leur reconnaissance dans la société en général.

Depuis peu, chaque texte écrit ou discours doit tenir compte de tout le monde. Deux solutions : soit devenir maître en termes épicènes (membre, titulaire, bénéficiaire, partenaire), soit préciser chaque fois que nécessaire (collaboratrices et collaborateurs, les Suissesses et les Suisses).

Les tenants de l’écriture inclusive utilisent le point médian « ‧ » en français pour insérer les formes féminine, masculine et plurielle d’un même terme. L’expression « les salariés et les salariées » s’écrit alors de façon raccourcie « les salarié·e·s ».

L’usage

Souvent, l’usage définit la modification. Un exemple tout récent : l’Académie française avait opté pour le féminin pour LA covid ; l’usage a imposé LE covid.

La féminisation des noms de métiers

Il pourrait être amusant de relever que c’est en février 2019 seulement que l’Académie française s’est résolue à la féminisation des noms de métiers. Quand même ! Ainsi, voit-on, enfin, apparaître écrivaine ou metteuse en scène. Notons que cheffe existe depuis plusieurs années.

Pour aller plus loin